Piche-Cacaye de Bastogne I Belgique
Le masqué vient de balancer une boule d’aluminium par-dessus le cortège. À l’intérieur? Une patate et du lard. Pas de doute: c’est un Piche-Cacaye!
«Toutes proportions gardées, ces personnages sont au carnaval de Bastogne ce que les Gilles sont à celui de Binche, explique avec humour Albert Heintz, président du groupe carnavalesque Les Piche-Cacayes. Leur origine date de l’entre-deux-guerres. À cette époque, la classe aisée de Bastogne surnommait les enfants plus pauvres du bas de la ville «les Piche-cacaille», une appellation qui pourrait se traduire par «les sales gosses».» Aujourd’hui, les Piche-Cacayes font partie intégrante du patrimoine immatériel de la cité ardennaise. Camouflés derrière leur masque affichant un large sourire, ils défilent une fois par an dans la Grand-Rue à l’occasion du Pat’Carnaval. Leur costume rappelle l’habillement typique des enfants du XXe siècle: une chemise blanche et un pantalon noir qu’ils gardaient souvent une semaine complète. «L’idée de participer au carnaval avec ces drôles d’accoutrements date d’il y a 25 ans. Nous formions une bande d’amis à la JCI de Bastogne, et comme la quarantaine approchait, l’un d’entre nous proposa ce nouveau défi. Le hic? Nous exercions à peu près tous une fonction de notable, notamment celle de médecin, de notaire et d’avocat. Participer à un folklore à visage découvert nous rebutait un peu, d’où l’idée de défiler masqués pour rester incognito.» Les Piches-cacailles ont vu défiler près de 600 intronisés depuis leur création. Véritable institution, leur principale activité reste le carnaval de Bastogne, événement au cours duquel 200 sales gosses balancent plus de 300 pommes de terre.