Sébastian Pirlot: bourgmestre de la ville de Chiny
Chiny (en gaumais Tchini) est une ville de la province de Luxembourg, située en Région wallonne et francophone de Belgique. Chiny fait partie aussi historiquement de la Lorraine gaumaise.
Géographie
Chiny se trouve en Gaume. Suxy est le seul village de la commune ne s’y trouvant pas.
La ville de Chiny est aujourd’hui enclavée dans les forêts et entourée par la Semois, un affluent de la Meuse, sauf du côté sud.
Communes limitrophes de Chiny
Herbeumont Neufchâteau Léglise
Chiny
Florenville Tintigny
Sections et villages
Les anciennes communes sont : Chiny, Izel, Jamoigne (siège), Les Bulles, Suxy et Termes.
Les autres villages ou hameaux sont : Frenois, La Haïlleule, Lamouline, Laneuville, Les Croisettes, Moyen, Pin, Pont Charreau, Prouvy, Romponcelle et Valansart.
Histoire
Dom Calmet avoue l’ignorance commune des historiens de son temps sur l’origine de la simple bourgade de Chiny, située sur la rivière Semoy, entre Sedan et Arlon, à six lieues de distance de chacune1. Mais il affirme que le renom du lieu est lié à l’installation du comté de Chiny. Une légende locale affirme d’ailleurs que le seigneur Othon de Warcq fonde Chiny à la fin du xe siècle et en fait la première capitale du comté de Chiny ainsi créé ex nihilo. Ses descendants sont les comtes de Chiny.
L’obscurité des temps anciens peut être partiellement levée par l’hypothèse d’un petit domaine royal au sein de la foresta mérovingienne. Chiny appartenant au fisc royal serait ainsi autant un relais de chasse et d’approvisionnement de la cour royal lors de son passage provisoire, qu’un très petit centre d’administration et gestion de l’espace forestier médiévale2. Ce qui explique la bourgade existante déjà au xe siècle.
Le comte Arnoul Ier de Chiny, Arnoû II le Grand selon la tradition lorraine, y fonde en 1097 un prieuré dédié à sainte Walburge ou Walburgis. Ce prieuré campagnard est initialement concédé au prestigieux monastère saint Arnould de Metz, mais il passe en 1132 sous un contrat de gestion accordé à l’ordre monastique des moines blancs cisterciens tout en restant directement sous la même égide de suzeraineté religieuse messine. En 1585, le souverain des Pays-Bas, Philippe II, roi d’Espagne, fait saisir le prieuré assez prospère et le place sous la commende des Jésuites du Luxembourg3. Les biens du prieuré sont ainsi globalement affermés.
Au xiie siècle, Chiny a rang de ville et capitale comtale. Mais assez modeste et peu marchande, elle ne peut rivaliser avec les vraies villes médiévales, et grandes résidences comtales, que sont Yvois et Montmédy, cette dernière s’imposant vers 1230 comme capitale du comté de Chiny au début du siècle suivant. Un lent déclin de Chiny commence.
La disparition du comté de Chiny autonome entre 1340 et 1364 ouvre une période d’insécurité pour les anciens habitants, aggravée par les malheurs des temps. La place forte de Chiny est tenue par différents officiers sans scrupules et militaires crapuleux. Au cours des années 1480, Robert le Diable, officier chargé officiellement de la place mène ses hommes et chevaliers en Lorraine, pour des courses ravageuses multipliant meurtres, captures d’otages et de troupeaux, saccages de récoltes et de villages. Selon la chronique manuscrite de Metz, rédigée par Jean Aubrion, le 13 juillet 1489, les troupes du duché de Lorraine et de Bar mettent le siège avec leur artillerie devant la place de Chini. Les troupes lorraines enlèvent la place et rasent la fortification.
Au xviiie siècle, Chiny n’est décrite au mieux qu’en gros village. La ville de Chiny garde de son passé glorieux les armes inspirées par la maison comtale, et revues par les ducs de Luxembourg, soient trois truites d’or, portées l’une au-dessus de l’autre, le tout surmontée d’une couronne ducale.
Le prieuré et son emprise foncière ont disparu avec l’ancien régime mais on sait que le prieuré originel a laissé l’ancienne église paroissiale, en contrebas du château du xiie siècle. L’ancien prieuré occupait aussi l’emplacement actuel des maisons Blaise et Barthélémy